28/07/2011

DD et KW


Le 15 mars 2004, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal, a lieu "Diane Dufresne chante Kurt Weill". Diane a accepté l'invitation du chef d'orchestre Yannick Nézet-Séguin à collaborer avec l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal le temps d'une représentation. "Les gens ont tendance à croire qu'on rencontre dans le monde du rock des gens très allumés, mais je pense que c'est du côté de la musique classique que l'on en trouve le plus. J'ai été ravie qu'il ne craigne pas de me demander ma participation..." (Diane aime Weill, Réjean Beaucage, La Scena Musicale, Mars 2004)

Les critiques et le public sont unanimes: ce répertoire lui va comme un gant. "On aurait dit ces chansons de Kurt Weill faites pour elle – sur mesure – qui lui permettaient toute l’expressivité dont elle est capable, cette incroyable chanteuse-actrice : l’amoureuse éplorée, la gouailleuse effrontée, la fillette innocente, la coquine professionnelle… Rire et pleurer, crier ou se taire; rien n’est interdit à l’unique, qui vit si incroyablement chacune de ces chansons-histoires, qu’on ne peut que les vivre avec elle." (Uparathi Culture, Planète Québec, 13 juillet 2005)

La complexité du répertoire de Kurt Weill permet même de faire ressortir des facettes de la chanteuse qu'on avait rarement entendues. "Chanter Alabama Song, La Fiancée du pirate, ça fait sortir d'autres côtés de moi. Par moments, je ne me reconnais pas." (Symphonie N'Weill, Le Devoir, 13 mars 2004)


(Photo: TVA / LCN)

(Photo: Marc Gibert)

Ce qui devait n'être qu'un spectacle d'un soir sera plutôt le début d'une incursion de Diane dans l'univers du compositeur allemand: un disque et des supplémentaires suivront, aux Francofolies de Montréal et au Festival d'été de Québec l'année suivante. L'aventure ne se terminera pas là, puisque Diane consacrera un tableau complet aux chansons de Kurt Weill dans son spectacle Plurielle, ainsi que dans ses spectacles en France pour Effusions, dans lesquels elle chantera des pièces qui ne faisaient pas partie de la collaboration originale.

DD en 2006 pour Plurielle (Photo: TVA Archives)

22/07/2011

Tony Frank, 1975



L'hôtesse de l'air, photographiée par Tony Frank. Avec sa coiffure "premier show", on peut déduire que la session eut lieu à la fin de 1975. Une autre photo de la session se trouve sur le site de Corbis, ici.

16/07/2011

À fleur de peau


Sur la pochette de l'album "À part de d'ça, j'me sens ben", Diane apparaît les seins nus, recouverts d'un t-shirt en bodypainting. En 1973, la photo scandalise, alors qu'il s'agit d'un beau clin d'oeil à la femme et à une époque synonyme d'émancipation. C'est aussi un véritable témoignage d'amour au Québec et à son peuple, comme le soulignent la fleur de lys et la présence d'une foule populaire d'une ruelle de l'Est de Montréal. "J'ai porté une fleur de lys sur les seins parce que je voulais la porter la plus près possible de mon coeur." ("Les hauts et les bas d'une chanteuse straight", Le Devoir, 20 mai 1978)

À Tout le monde en parle, en 2009, elle confiera que l'expérience lui demanda beaucoup de courage, et reviendra avec humour sur le premier essai du concept, où elle se fit photographier en pleine campagne...au milieu des mouches noires!


Quand on écoute l'album, on se rend compte que la pochette complémente parfaitement la Face A, qui s'ouvre avec un hymne quasi-nationaliste et se termine en véritable extase sur "J'me sens ben". En quelque sorte, la face A est presque aussi conceptuelle que l'Opéra-Cirque en face B. Une vraie réussite qui, malheureusement, ne rencontrera pas tout de suite son public, mais qui jettera les bases de l'univers Dufresne: c'est d'abord sur scène que ça se passe. "Il [le porte-parole de la compagnie de disques] croit que Mlle Dufresne donne un tour de chant essentiellement visuel: sur disque, c'est autre chose et il est plus difficile de la vendre..." ("Diane Dufresne, un flop sur microsillon", Jean-Marc Provost, Le Petit Journal, 24 mars 1974) 

Ci-dessous, un reportage très anecdotique sur le "scandale", mais qui nous permet de voir de précieux extraits d'archives de Diane Dufresne à ses débuts:  





À part de d'ça, j'me sens ben (Barclay 80172, Québec, 1973 / Réédition CD AMC1111)
À part de d'ça / Rock pour un gars d'bicyc' / Le tour du bloc / On tourne en rond / J'me sens ben

12/07/2011

Les Girls


Ci-dessus, un flashback d'il y a exactement 20 ans: un extrait du Gala Juste pour Rire du 12 juillet 1991, où Clémence Desrochers et Diane Dufresne interprètent "Je ferai un jardin", l'une des plus belles chansons du répertoire de la légendaire humoriste. Il s'agit d'une apparition surprise de Diane, remontant spécialement sur scène après de longs mois d'absence pour rejoindre son amie. "Si elle s'interroge encore sur l'amour que peut lui porter le public québécois, elle a de quoi être rassurée, à la lumière de l'accueil intense et émotif que lui ont réservé les deux mille personnes rassemblées au Saint-Denis." (Sylvain-Claude Fillion, Le Devoir, 13 juillet 1991)

(Photo: Patrick Villeneuve)


(Source)

Il faudra attendre quelques années plus tard avant de les revoir sur une même scène lors du spectacle "Sous influences", le 26 juillet 2001, où elle chanteront ensemble "L'amante et l'épouse". Puis, en octobre 2006, Clémence participera à l'hommage rendu à Diane par l'ADISQ, en livrant un témoignage fidèle à ses couleurs: "J'aurais ben d'autres choses à dire, mais y veulent pas!"

Il faut dire que leur rencontre ne date pas d'hier: en mai 1969, Clémence recrute Diane pour sa revue musicale "Les Girls". Dans ce spectacle à sketches, Clémence est également entourée de Louise Latraverse, Paule Bayard et Chantal Renaud...et d'un certain François Cousineau, pour la mise en musique de ses textes. D'abord présenté au Patriote de Montréal, le spectacle choque (nous sommes en 1969 et des femmes qui ne mâchent pas leurs mots et qui s'imposent, ça en déstabilise certains!), mais obtient également un énorme succès qui mènera les Girls aux quatre coins du Québec pendant un an.


"C'est extraordinaire, cette revue! Je suis dans Les Girls ce que je suis dans la vie, une fille de club. Je m'appelle Carmen. Carmen, c'est une rough and tough qui vend ses fleurs de plastique dans une boîte à chansons." ("C'est la revue de Clémence qui me retient à Montréal", Colette Chabot, Le Petit Journal, 18 mai 1969)

Il faut dire que Diane a acquis l'expérience nécessaire pour habiter le rôle. Elle revient de Paris où elle a chanté dans des cabarets mythiques, mais d'autres moins, où elle a dû se créer une carapace pour se défendre d'un public pas toujours très respectueux. La revue "Les Girls" lui permettra de casser son image au Québec et on peut penser qu'elle aura grandement contribué à lui permettre d'imposer sa vraie personnalité par la suite.

08/07/2011

Pas Ordinaire

(Photo: Dominique Demers / Québec Hebdo)

C'est hier soir qu'avait lieu "Paris-Québec sous les étoiles", en ouverture du Festival d'été de Québec. Diane Dufresne a participé à l'événement pour chanter J'ai rencontré l'homme de ma vie, en version remix. "Une interprétation posée et très juste" se terminant par un beau baiser spontané échangé avec Robert Charlebois, selon La Presse. Plus de détails suivront au cours des prochains jours, mais on sait déjà que le spectacle sera diffusé le 26 août sur les ondes de Télé-Québec (et ultérieurement sur TV5).

 DD: le pont entre la France et le Québec? (Photo: Yan Doublet / Le Soleil)

Ce n'est pas la première fois que les deux légendes de la musique québécoise partagent la scène du Festival. Le 13 juillet 2002, ils avaient offert un duo des plus mémorables avec leur medley La chanteuse straight / Ordinaire. Un duo qui prend tout son sens, tant leurs deux hymnes se font non seulement écho, mais se complètent. Cette combinaison de leurs deux cris du coeur permit de créer un inoubliable moment de magie, avant le spectacle coup-de-poing de Diane, Kamikaze, le lendemain.

05/07/2011

Café Campus


Ci-dessus, 3 photos rares et précieuses prises à l'unique spectacle de Diane Dufresne au Café Campus de Montréal, le 10 octobre 1977. Un gros merci à Michel Gauthier de les partager généreusement avec nous.

De tous les spectacles mythiques de Diane Dufresne au Québec, c'est sans doute celui qui est le moins documenté et dont il reste le moins de traces. Suivant la rupture de Diane avec François Cousineau et l'expérience difficile de Sans entracte, on peut déduire qu'il s'agit d'un passage vers les spectacles du Théâtre Outremont et de l'Olympia qui vont suivre au début de l'année 1978. Son band a changé, les arrangements sont plus rock. "Lundi soir, dans une salle qui lui convient peut-être mieux que la Place des Arts, Diane Dufresne avait décidé de se lâcher lousse et de donner libre cours au théâtre qui accompagne chacune de ses chansons. (...) Jouant jusqu'au bout son personnage de chanteuse de rock n' roll, elle devenait mieux que jamais la première femme québécoise à s'exprimer totalement, aussi bien avec sa voix, son corps, qu'avec son âme et son instinct." ("Le rock' n roll théâtral", Nathalie Petrowski, Le Devoir, 12 octobre 1977)

Elle reprendra le même spectacle à Paris, du 31 octobre au 12 novembre à l'Elysée-Montmartre. Les critiques seront dithyrambiques et elle devra rapidement redonner une série de spectacles pour rencontrer le buzz grandissant qui se crée autour d'elle.