09/06/2012

Symphonique n'Roll


En 1988, à l'occasion des 85 ans de l'Orchestre Symphonique de Québec, le chef d'orchestre Gilles Ouellet propose à Diane Dufresne de collaborer avec eux le temps d'un grand spectacle unique. Symphonique n'Roll, présenté au Colisée de Québec le 25 mars 1988, sera une immense réussite, si bien que cette aventure d'un soir aura droit à d'autres épisodes, à Joliette, Paris et Tokyo.

   
DD le 14 mars 1988: en conférence de presse, puis invitée à l'émission de Michel Jasmin

En avance sur son temps, bien avant la mode d'aujourd'hui des chanteurs populaires qui revisitent leurs grands succès en version symphonique, cette collaboration entre chanson pop et musique classique étonne et détonne dans un paysage où chaque univers reste à sa place. Pourtant, les chansons plus grandes que nature de Diane se prêtent tellement au jeu qu'on peut se demander comment une telle idée n'ait pas pu germer plus tôt. L'incroyable chimie entre la chanteuse et les musiciens laisse place à la magie. En conférence de presse 12 jours avant le grand soir, Diane ne tarit pas d'éloges sur son chef d'orchestre: "Gilles connaît toutes les musiques, c'est un homme ouvert. Ce sera tellement beau, il y a tellement de nuances avec un orchestre symphonique, tellement de douceur, de largeur, je me sens confortable et j'ai le temps de respirer." (Le Devoir, 15 mars 1988)

C'est sans doute cette confiance qui insuffle à Diane la liberté nécessaire pour sortir de sa zone de confort plus rock. Si elle a déjà relevé le défi de s'approprier Verdi lors de Follement vôtre et Top Secret, elle place la barre encore plus haut en interprétant Mahler et Rossini. "Il m'est arrivé de faire le Duo des chats ou des extraits de La Traviata ou du Mahler. Je disais alors au chef: «Je respirerai avant d'étouffer!», parce que je n'ai pas la technique d'une chanteuse classique. La voix de rock appelle un autre type de respiration. C'est différent, mais c'est une bonne discipline." (La Scena Musicale, mars 2004)


Symphonique n'Roll permet également à Diane une petite excursion dans l'univers de la musique brésilienne, le temps de reprendre Jobim et même dans celui de Walt Disney, pour When you wish upon a star. Pour cette avant-dernière chanson, elle sera illuminée par des centaines de feux de Bengale remis au public à l'entrée de la salle, et allumés au moment-clé tel un grand signal poétique.

L'incroyable robe-symphonique exposée au Château Dufresne en 2005 (source)

Après la robe-théâtre de Top Secret, Michel Robidas réussit l'exploit d'aller encore plus loin en offrant à Diane un véritable costume allégorique: la robe-symphonique, une robe en velours recouverte d'instruments de musique, pesant près de 60 kilos! 

"Il faut s'imaginer un rêve. Entrer dans les costumes de Robidas, c'est comme entrer dans la poésie. C'est une robe tellement extraordinaire qu'après ça, on ne peut pas aller plus loin." (Le Devoir, 15 mars 1988) Ce sera effectivement le dernier costume aussi démesuré porté par Diane, par choix. Selon les propos de Michel Robidas recueillis par Denis Rousseau dans son livre "Sentiments partagés", Diane se blessera au dos lors d'une représentation au Festival de Lanaudière et en gardera un certain traumatisme. Autre détail de poids: selon le magazine L'Actualité, une telle robe nécessitait des frais de transport de 10 000 dollars chaque fois qu'elle quittait le Québec...

Un costume à couper le souffle, donc. D'ailleurs, la réaction du public lorsqu'il comprend ce qui apparaît devant lui donne la chair de poule! Un élément de décor indispensable qui permet la réussite totale du tableau sur la folie, une allégorie en trois dimensions qui fait entrer le public dans la tête des personnages. "L'orchestration de tous ces grands airs, pour montrer tout ce qu'on peut avoir dans la tête, tout ce qu'on peut sentir quand on délire, c'est absolument grandiose parce que ça créé un espèce de chaos (…) C'est une des plus belles interprétations du Parc Belmont. On touchait à la folie. Les musiciens y touchaient, j'y touchais, Gilles y touchait, le public y touchait. On touchait quelque chose, une autre dimension." (Confidences, DVD "Symphonique n'Roll, 2005)

Une autre dimension qui permit la réussite de cette collaboration à plusieurs autres moments de la soirée et qui résume bien ce qui animait ce grand spectacle. "Disons-le sans ambage: ce spectacle de la déesse Dufresne a été un succès à tous égards (...) prouvant que le mariage d'orchestre et de la chanson dit populaire peut être heureux." (Marie Laurier, Le Devoir, 19 juillet 1988)


Medley instrumental / Les hauts et les bas d'une hôtesse de l'air / Heures exquises / Fascination / Parlez-moi d'amour / If I loved you / Les eaux de mars / Le Parc Belmont / Oft denk' ich, sie sind nur ausgegangen / Adio del passato / J'ai douze ans / Le duo des chats / Top secret / Oxygène / When you wish upon a star / Un souvenir heureux

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